En février 2021, nous avons eu le plaisir d’interviewer Céline Riera dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes et Filles en Science et pour diffusion aux participantes de l’événement en ligne “Potenti’Elle en science“. Avec l’autorisation de Filipa Teixeira, chercheuse à l’UNIL et de Imogen Marouillat, Opérations business & stratégie, Santé digitale et dispositifs médicaux (groupe Merck) – organisatrices de l’événement – nous avons le plaisir de vous l’offrir ci-après. Un immense merci en outre à Céline Riera pour le temps qu’elle nous a accordé à la découverte de son terrain scientifique.
Professeure adjointe, directrice depuis 2016 de son propre laboratoire au Cedars-Sinai Medical Center – un prestigieux centre médical universitaire situé à Los Angeles – Céline Riera est neurobiologiste.
Céline Riera. Chercheuse, cela veut dire quoi?
Nous cherchons des solutions à des problèmes. Mon laboratoire s’intéresse aux maladies métaboliques, comme le diabète ou l’obésité. Nous voulons comprendre les raisons génétiques (transmises au fil des générations) et environnementales (induites par le milieu dans lequel on vit) de l’apparition de ces maladies. Notre mission ensuite est de fournir des pistes pour le développement de thérapies et de méthodes pour améliorer la qualité de vie des patient·e·s.
Pouvez-vous nous raconter l’une de vos découvertes ?
Nous étudions la communication entre le cerveau et les autres organes. Des cellules nerveuses sont présentes dans tout notre corps et forment le système nerveux. Le cerveau contrôle une grande partie des processus – si ce n’est tous ! – de notre corps. Il intègre les informations qui lui proviennent de l’intérieur et de l’extérieur du corps. Par exemple, nous avons découvert chez la souris que certains capteurs de la peau sensibles à la température fournissent des informations au cerveau. Celui-ci modifie ensuite la façon dont le corps utilise certaines graisses pour produire de la chaleur et réguler sa température.
Nous avons aussi identifié un lien fort entre la maladie de Parkinson et la résistance à l’insuline observée dans l’obésité liée au diabète. Cette résistance serait présente bien avant le développement de la maladie et constituerait un facteur de risque pour ce trouble dégénératif du système nerveux central.
Quel est votre parcours ?
J’ai toujours eu envie de faire ce que je fais. Suite à un baccalauréat – une maturité – en France, j’ai choisi d’évoluer dans les sciences de la vie et de la terre. En France, cela passe par une école d’ingénieurs dans laquelle je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’apprendre les sciences de la vie. J’ai alors profité d’une « carte blanche » à la fin de mes études pour passer du temps à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne et ai appris tout ce que je pouvais en biochimie. J’ai terminé avec un doctorat au centre de recherche de Nestlé à Lausanne avec une spécialisation en perception sensorielle et métabolisme. J’ai ensuite travaillé aux États-Unis dans un laboratoire qui étudie le vieillissement et sa génétique avant de créer mon propre laboratoire.
Si vous deviez encourager des jeunes filles à poursuivre une voie scientifique, que leur diriez-vous ?
Vous ressentez la curiosité scientifique ? N’hésitez pas à frapper aux portes. De manière peut-être surprenante, les chercheuses et chercheurs sont très ouverts à accueillir de jeunes personnes pour des stages même courts. J’aime beaucoup accueillir des jeunes dans mon laboratoire. La meilleure façon de trouver sa voie est d’expérimenter. Les expériences permettent de réaliser si une voie nous plaît ou non. N’écoutez pas les personnes qui tentent de vous décourager. Croyez en vos rêves, ayez confiance en vous et provoquez la chance.