Kathy Malas ouvre les conférences des insiders et outsiders de l’innovation en santé du Digital Health Connect 2018 le vendredi 15 juin 2018. Venue du Canada pour l’occasion, la responsable de la plateforme de l’innovation et des Fonctions des maladies chroniques et aiguës du CHU Sainte-Justine donne le ton d’une journée riche en découvertes d’initiatives qui brisent les codes et schémas établis jusque-là.
Cette première intervention illustre à mes yeux au meilleur point l’innovation dans le domaine de la santé. Et pour cause, l’innovation et la créativité font partie de l’ADN du CHU Sainte-Justine : l’institution s’est positionnée comme entreprise innovante en 2009. Elle intègre dès lors la recherche, l’innovation et l’entrepreneuriat au cœur de sa mission de soins, comme moteur de transformation. Remarquable.
Kathy Malas souligne en outre que Irma Levasseur, première femme médecin canadienne-française médecin en 1907 et co-fondatrice du CHU Sainte-Justine fut d’ores et déjà à l’avant-garde avec sa double casquette de médecin, innovante, et d’entrepreneuse.
Ce qui est fantastique dans cet exemple canadien, c’est l’intégration d’une innovation de continuité par corps de métier : la gestion de l’innovation et de l’entrepreneuriat en trois piliers (continuous improvement, incremental non-core & disruptive innovation).
Le design, les arts, les technologies, une pédagogie innovante, ne sont pas en reste au CHU Sainte Justine. L’institution illustre le changement de paradigme, la démarche participative. Lorsque le besoin est identifié, toutes les compétences sont dès le départ réunies pour le considérer dans sa globalité et trouver la solution. Si cela tient du bon sens, cette vision interdisciplinaire est pour le moins innovante en regard des processus établis. Le patient et son entourage, le médecin, l’infirmière, le chercheur, l’ingénieur, le data scientifique, le designer, les professionnels des soins et les entrepreneurs sont réunis dans cette approche plurisectorielle.
« Innover, c’est survivre au marché »
Kathy Malas relate un sondage d’opinion : à qui les Américains font-ils confiance en matière de santé ? Walmart – l’as du « magasinage » en ligne au Canada ou Amazon côtoient le système de santé ou les assurances. Demain Google, Apple, Amazon … vont offrir des soins. Elle l’affirme : innover, c’est survivre au marché pour toujours mieux répondre aux besoins de la population.
En mettant en place un design organisationnel innovant et agile, le CHU Sainte-Justine reconnait et valorise les contributions de ses collaborateurs et favorise la créativité collective – l’intelligence humaine et collective. Le design thinking est au cœur de l’innovation, les hackathons – Arkathon pour nos contrées, Hackathons, Coopérathons et JustineThon pour le CHU canadien – font partie de la culture.
Kathy Malas, responsable de la plateforme de l’#innovation et des Fonctions est au #DHC18 aujourd’hui pour présenter en #conférence d’ouverture l’écosystème d’innovation ouverte du #CHUSJ! pic.twitter.com/HE5u4DsZT8
— CHU Sainte-Justine (@ChuSteJustine) 15 juin 2018
Kathy Malas souligne le rôle clé de la gouvernance dans l’équation – celui d’un leader mobilisateur et facilitateur avec une vision et un objectif dans l’écosystème d’innovation avec tous ses acteurs. Il doit considérer tant l’interne que l’environnement dans sa perspective d’innovation.
« l’innovation est d’abord humaine, la technologie est au service de la santé de la population », précise-t-elle.
Un labo vivant au service de l’innovation
Le CHU Sainte-Justine encourage la croisée des connaissances et des idées. Il réfléchit aussi en termes de design à ses espaces dans le but de favoriser la créativité. Kathy Malas, appuie l’importance des espaces de cocréation comme le Technopôle de réadaptation et l’institut Transmedtech, et le soutien pour faciliter la collaboration. Au Canada, le CHU offre des espaces locatifs pour les startups, accompagne des projets dès leur création et l’identification du besoin avec des équipes plurisectorielles et les connecte ensuite vers l’écosystème externe. Il joue un rôle de facilitateur et d’accompagnant.
L’organisation agile dresse trois équipes pour chaque trajectoire de soins et services :
- celle de l’innovation,
- celle de la production (soins, services),
- et celle de la coordination des soins et services.
Elle part du besoin des patients, des cliniciens ou encore des chercheurs ou de l’industrie et innove avec ses propres processus (go – no go).
Kathy Malas résume les conditions gagnantes pour soutenir un écosystème d’innovation ouverte en donnant l’exemple du CHU Sainte-Justine qui :
- promeut une culture qui favorise la créativité et l’intelligence, tant individuelle que collective, en ayant une approche de partenariat avec l’ensemble des acteurs de l’écosystème incluant le patient et sa famille ;
- place l’importance de la vision au niveau du leadership et de la gouvernance comme un élément capital de l’innovation ;
- encourage les espaces et événements facilitateurs de collaboration pour la réalisation des projets d’innovation ;
- incite à utiliser le design organisationnel (les processus, les équipes dédiées à l’innovation, les méthodes et outils) et à s’ouvrir au-delà de l’institution.