« On se définit sur le chemin ». C’est en ces termes que Imane Moest, Dr en biologie, cheffe de bureau des opérations chez Roche, a conclu notre entretien. Elle évoque ainsi que la voie toute tracée n’existe pas et soulève l’importance de déclarer clairement ses intentions à chaque étape de son parcours professionnel. Le sien est particulier. De la biologie aux ressources humaines jusqu’au management de la stratégie opérationnelle dans la conception de solutions numériques pour le bien des patients, elle est guidée par l’envie d’apporter sa contribution au monde de la santé.
Venez la rencontrer mercredi 16 février 2022 à l’occasion de Potenti’Elle en Science – où elle sera l’une des conférencières principales – et célébrez à cette occasion la Journée Internationale des Femmes et des Filles en science : inscription ici.
Imane, pouvez-vous nous parler de cet élan, de cette passion intangible d’en faire toujours plus pour venir en aide aux gens ?
J’ai développé très tôt une passion pour la science. Plutôt matheuse, j’ai toujours aimé comprendre comment les choses fonctionnent. J’ai alors décidé de devenir chercheure ingénieure, de concevoir des choses et de laisser parler ma créativité à cette fin. Durant mon parcours scolaire, j’ai été freinée et redirigée vers un bac technologique qui me destinait à devenir technicienne de laboratoire. C’est un travail très intéressant et utile mais je ressentais le besoin d’aller plus loin, de réaliser mon ambition.
Quel a été le déclic qui vous a permis d’aller plus loin ?
Lors d’un stage pendant mes études de technicienne de laboratoire, j’ai rencontré Laurence, maître conférence au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Lyon. Laurence dirigeait une équipe de recherche. Elle m’impressionnait. Elle avait de la poigne et m’a beaucoup inspirée. J’ai alors déposé ma candidature dans plusieurs grandes écoles d’ingénieur·e·s. J’ai été reçue sans conditions à l’École supérieure de biotechnologie de Strasbourg et y ai réalisé mon master. Mon monde s’ouvrait à l’international et j’ai même travaillé à Oxford au Royaume-Uni et Boston aux États-Unis. J’ai ensuite poursuivi mes études avec un doctorat en hématologie – cette science étudie le sang et ses maladies – à l’Université de Zurich. Après encore un an de travail dans le domaine, j’ai effectué une réorientation et investi le monde des ressources humaines durant plusieurs années. Sans être au labo, j’ai mis mes compétences et conseils d’experte au service de directions en recrutant des talents dans le domaine des sciences de la vie. Déceler les bonnes personnes pour réaliser des projets profite directement aux patients.
Et quel est votre défi aujourd’hui ?
Évoluer dans un domaine qui m’est totalement nouveau, où le numérique vient soutenir la santé. Je travaille depuis peu dans une nouvelle branche de Roche qui déploie de nouvelles solutions numériques contribuant à optimiser l’efficience des laboratoires, tout en facilitant la prise de décision clinique. Je leur apporte tout mon savoir de scientifique, ma conviction que le numérique permet de réduire le risque d’erreur médicale, ma passion pour les gens et pour améliorer l’expérience des patients face à leur maladie. L’un des produits de notre entreprise vient par exemple en aide aux patients atteints d’un cancer. Je crois beaucoup à l’interdisciplinarité – plusieurs métiers réunis pour œuvrer en faveur du bien commun.
Mon élan personnel est très profond et je dois dire que j’ai aussi toujours croisé sur ma route des personnes qui ont cru en moi, Bryn, Annette, Annick, Felix, Pascale pour en citer quelques-un·e·s. Construire et maintenir son réseau est essentiel pour réaliser ses idées. On a toutes et tous nos propres saboteuses – ces voix à l’intérieur de nous qui nous limitent. Personnifier ces voix aide à les évincer. Ainsi l’audace prend le dessus, comme une insouciance d’enfant retrouvée. Je suis chercheure, cheffe de département, maman, femme et je garde l’équilibre. À chaque étape de ma vie, j’ai défini clairement mes intentions, et je les ai suivies. Opter pour une énergie positive permet de rayonner. On se définit sur le chemin.