Le 17 mai prochain, dans le cadre des Culturelles du CDH-Culture de l’EPFL, le Forum du Rolex Learning Center accueillera une performance unique et ouverte gratuitement au public. Le pianiste-compositeur Richard Rentsch, également coordinateur de projets artistiques à la Fondation Agalma, présentera « Invention versus Imitation ». Sur scène, Richard Rentsch sera accompagné d’un second piano activé par une intelligence artificielle (IA), baptisée SOMAX, développée à l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique de Paris (IRCAM) par le compositeur José-Miguel Fernández. Ce dispositif sera présenté pour la première fois en concert public.
18h30, vendredi 17 mai 2024, EPFL, Forum du Rolex Learning Center
Informations : https://memento.epfl.ch/event/inventionimitation-performance-musicale-avec-l-ia/
- Durée de la performance : 30-40 minutes
- Durée de la discussion : 1 heure
- Entrée libre
Partenaires Cet événement est rendu possible grâce à la collaboration de la Fondation Agalma de Genève et de l’IRCAM de Paris.
L’interaction directe entre le pianiste et l’IA soulève la question des dialogues possibles entre l’humain et la machine dans le processus de création musicale. Cette expérience musicale en temps réel explorera les frontières entre l’invention et l’imitation, avec le pianiste et l’IA réagissant aux sonorités et aux phrases musicales jouées en direct. Cette collaboration inédite promet un dialogue stimulant entre deux formes d’intelligence. La performance sera suivie d’une session de questions-réponses avec les musiciens Richard Rentsch et José-Miguel Fernández, offrant au public l’occasion de comprendre les coulisses de cette Première.
Une table ronde réunira ensuite un panel d’invités pour approfondir la réflexion sur les interactions possibles entre différentes formes d’intelligence dans le processus créatif, qu’il s’agisse de l’humain ou de l’intelligence artificielle :
· François Ansermet, psychanalyste et pédopsychiatre
· Franck Renucci, professeur des Universités en sciences de l’information et de la communication
· Valeria Vianello Dri, neuropsychiatre
· Claude Welscher, philosophe
· Mehdi Alaoui, étudiant en informatique, EPFL
· Adèle Monjauze, étudiante en informatique, EPFL
Modération : Véronique Mauron Layaz, responsable CDH-Culture
Un dialogue en temps réel
Dans cette performance, l’originalité est au cœur de l’expérience. Contrairement à un système comme ChatGPT qui puise dans des bases de données pour reconstruire des réponses, SOMAX réagit en temps réel, s’appuyant sur une base de données mais n’étant pas limité à reproduire ce qui a déjà été produit. Au lieu de cela, il est capable de générer des variations sur une même occurrence musicale, offrant ainsi une grande étendue de possibilités. Cette approche n’est pas rigide ; elle ne vise pas à trouver la meilleure réponse, mais à explorer les multiples chemins créatifs. Ainsi, il y a la possibilité d’être surpris par les résultats de cette collaboration entre l’humain et l’intelligence artificielle.
Dans cette performance, SOMAX opère une reconnaissance spécifique pour générer sa réponse. Si un son inhabituel est introduit, cela ne perturbe pas son processus, car elle ne reconnaît pas directement le son, mais plutôt le pitch et l’harmonicité. Ainsi, pour interagir efficacement avec SOMAX, il est essentiel de lui parler dans un langage harmonique qu’elle a appris. Bien que l’IA puisse se référer à des bases de données pour une partie de son fonctionnement, elle est également capable d’inventer. Contrairement à une simple répétition, elle ne reproduit qu’une seule fois, évitant ainsi le simple clonage. L’imitation pour SOMAX n’implique pas nécessairement une duplication exacte ; au contraire, cela peut également inclure une même facette d’un processus qu’on ne peut pas opposer. L’imitation, ce n’est pas la réplication à l’identique, ce n’est pas la copie. Si la tendance est à confondre ces expressions, on ne fait pourtant pas deux fois la même chose quand on imite, on invente.
Les questions soulevées
Ce projet est conçu comme une expérience et non un jugement de la machine à l’aune de la prestation humaine. Il s’agit de définir quelle collaboration est possible entre deux entités qui font de la musique. Le projet se fonde sur les questions suivantes :
- Est-ce que la création est une page blanche ou n’est-elle pas déjà une page palimpseste ?
- Est-ce que la machine dotée d’IA doit être nécessairement anthropomorphisée ? N’est-elle pas une nouvelle catégorie d’objets ou de choses dotés d’une certaine forme d’animation ?
- Qu’en est-il du corps dans la création artistique ?
- La machine avec de l’IA est-elle un nouvel instrument de musique ? Quelle est sa nature ? Est-elle dotée de contingence ? Peut-elle se modifier par elle-même ?
- Quelle est la différence entre simulacre et simulation ?
- SOMAX peut-elle inventer au-delà des références musicales qui lui ont été données ?
Ces questions seront ouvertes dans un esprit de curiosité et non de jugement (pour ou contre l’IA). Le public sera amené à découvrir les réactions musicales d’une machine qui ouvriront finalement à des questions plus larges comme : qu’est-ce qu’un humain ? Qu’est-ce que l’intelligence ?
Contact médias pour organisation des interviews :
Emilie Pralong, 079 816 54 40, emilie@radar-rp.ch