Mercredi 13 mars 2024, Meeting for Minds, représentée par sa fondatrice Maria Halphen a présenté à la population le cœur de la recherche et de l’expérience vécue de ceux qui vivent avec une maladie mentale. L’audience a pu regarder le film primé PIECES. Chez RADAR, nous agissons toutes et tous avec ferveur pour porter les voix de la santé mentale. Maé Biedermann a modéré cette soirée et accueilli le Dr Kevin Swierkosz-Lenart à la suite du film. C’est son intervention que nous vous relatons ci-dessous. Un grand merci à Ulrike Toepel pour l’organisation de la Semaine du Cerveau et à Maria Halphen et Chris Archer de Meeting for Minds.
Kevin Swierkosz-Lenart a étudié la médecine à Rome, puis s’est installé en Suisse où il a acquis un titre de psychiatre à Neuchâtel, Genève et enfin Lausanne. Il a concentré ses efforts sur la psychiatrie interventionnelle, contribuant au développement de la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS), à la mise en place d’une plateforme de stimulation cérébrale profonde (DBS) et à l’implémentation d’autres techniques de neuromodulation au sein du Service Universitaire de Psychiatrie de l’âge avancé (SUPAA) du Département de Psychiatrie (DP) du CHUV. Il est aujourd’hui responsable de l’Unité de psychiatrie interventionnelle du SUPAA (DP-CHUV).
« La recherche est le début de l’espoir », ce sont les premiers mots de l’intervention du Dr Kevin Swierkosz-Lenart. Son parcours de chercheur a commencé par une rencontre alors qu’il était assistant en psychogériatrie. Il explique qu’il y a un biais dans la recherche. Beaucoup d’études sont menées chez les adultes, moins chez les personnes âgées.
Certaines pathologies psychiatriques ont des caractéristiques différentes en fonction des âges. Rencontrer l’entourage des gens est essentiel, rappelle-t-il.
Le scientifique pose la question : comment peut-on aider les patients face à des symptômes dépressifs résistants qui ne répondent pas aux médicaments ?
Kevin Swierkosz-Lenart cherche une réponse avec la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS). Il s’agit d’une technique non invasive et non douloureuse de localisation et stimulation des zones fonctionnelles cérébrales. Elle se base sur l’idée que nous avons un cerveau qui génère l’électricité de notre organisme. On peut ainsi le stimuler, par le biais d’un champ magnétique variable qui produit un champ électrique.
La rTMS, cela marche, nous dit-il. Dans le cadre de ses recherches, il pratique la rTMS et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour essayer d’offrir une réponse au besoin de soins des personnes atteintes par une démence et des symptômes dépressifs en même temps. Cette technique d’imagerie médicale qui offre une vue 2D ou 3D d’une partie du corps est utilisée notamment en collaboration avec le Prof. Bogdan Draganski.
On peut changer le cours des maladies mentales, explique le chercheur. Par exemple, la psychothérapie modifie le cerveau. Les médicaments aussi, avec certaines limites. Les techniques de neuromodulation qu’il utilise avec son équipe, la rTMS, l’électroconvulsivothérapie (ECT) et la DBS permettent d’agir face à, entre autres, la dépression ou la schizophrénie résistantes (aux traitements médicamenteux) ou dans les troubles bipolaires ainsi que dans le trouble obsessionnel-compulsif.
La passion pour cette technique fait mouche. Les chercheurs créent alors une unité de psychiatrie interventionnelle. D’assistant, le scientifique est désormais responsable de cette unité.
Avec le scientifique Luc Mallet, il travaille sur les troubles obsessionnels compulsifs. On apprend avec étonnement que de toutes les pathologies listées par l’Organisation mondiale de la santé, les TOC sont parmis les dix premières maladies les plus invalidantes. (Voir Murray CLJ, Lopez AD, editors. The global burden of disease: A comprehensive assessment of mortality and disability from diseases, injuries, and risk factors in 1990 and projected to 2020. Geneva: World Health Organization; Boston: distributed by Harvard School of Public Health, 1996.)
Le chercheur pose la question : comment fait-on la différence entre une demande d’attention et une demande d’aide ? Il n’y en a pas !
Le problème du TOC, c’est que les personnes concernées ont tendance à s’isoler, elles ne font pas de bruit. Avec le Prof. Armin von Gunten, chef de service du SUPAA (DP-CHUV), Dr Swierkosz-Lenart a eu l’idée de créer un pool d’expert·es pour échanger sur les cas des patient·es, partager les connaissances et suivre les patient·es. Entre recherche et clinique, ce projet a abouti et suis son cours depuis l’année 2023.
On revient à la rencontre. La recherche, c’est d’abord la rencontre avec une personne, son entourage et avec la société, qui pose des questions d’importance. La question du vieillissement est importante en Suisse. On doit se poser des questions. Soigner la pathologie psychiatrique est important.
Il poursuit avec ce conseil : poser les bonnes questions, c’est se permettre de trouver des solutions dans un temps raisonnable. La solution parfaite n’existe pas, précise-t-il.
Pour la dépression, beaucoup de progrès ont été réalisé. Des traitements de première ligne sont administrés avec succès à 30% des patients, on atteint 60% pour les traitements de deuxième ligne. Et pour les 40% restant, la neuromodulation est une option efficace.
Dr Swierkosz-Lenart est passionné par son domaine de recherche. Le cerveau est plastique et répond aux stimuli auxquels on le soumet.
Il conclut avec ces mots d’encouragement : la recherche c’est de l’espoir et on a beaucoup d’espoir devant nous.
À propos de Meeting for Minds
Meeting for Minds est une organisation à but non lucratif dédiée à la recherche sur le cerveau et aux troubles neurodéveloppementaux en partenariat avec les personnes vivant avec une maladie mentale. Son programme SYNERGIES apporte un soutien aux scientifiques et aux personnes vivant avec une maladie mentale. Ensemble, ils ouvrent l’horizon de l’espoir, entre partage d’idées, de vécus et d’un moteur de nouvelles perspectives pour le bien commun.